Comment expliquer cette réalité au plus grand nombre?

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samedi 13 juin 2020

Réchauffement climatique : Les causes de la «cause humaine» ➖ Une psychanalyse s'impose

Oui, c'est bien une crise le climat (et l'environnement). Demandez à ceux ou celles qui ont appris qu'ils avaient un cancer...

Nos habitudes de surconsommation donnent l'équivalent d’un cancer à la Biosphère. Le réchauffement climatique n'est qu'un des symptômes, il y a aussi l'acidification des océans, la pollution de l'air, de l'eau et des sols, la surexploitation des ressources, pêcheries, déforestation, étalement urbain, etc

En économie, la destruction de l’environnement est une «externalité», ça permet d’augmenter (de beaucoup) les profits, et ça entraîne le plus vicieux des cercles vicieux... Plus de profits = plus de destruction.

Les causes principales

«Notre désir à toujours vouloir plus, à être meilleur ou le paraître» (que le marketing stimule avidement).

1- Addiction C'est simple à comprendre le mécanisme de la dépendance (mécanisme de la récompense) : quand on fait quelque chose qui nous plaît, notre cerveau nous récompense principalement avec de la dopamine (et autres neurotransmetteurs bienfaisants). Alors, on tend à recommencer, encore et encore, et on nous fait croire que consommer va nous apaiser.

L'humain est un animal qui a une forte propension à la dépendance : celle au confort, à sa culture, à sa raison... et les artificielles comme le sucre, la cigarette, la caféine, les drogues.

On devient souvent accroc de son boulot (dépendance au travail), de son smartphone (65% de ses utilisateurs le sont), de l'exercice, du jeu, la dépendance affective, etc.

Rééduquez notre cerveau pour sortir de la crise écologique | Sébastien BOHLER



2-  Les mécanismes de protection (qui entraînent la résistance aux changements)
L'ignorance volontaire : quand on en sait assez qu’on sait ne pas vouloir en savoir plus. (Tête dans le sable).

Intellectualisation : quand on comprend et admet les faits. Oui, l'humanité est la cause, et oui l'utilisation des combustibles fossiles, le réchauffement et tous les impacts, j'admets ces faits.
Quand on réagit ainsi, on conserve ça dans notre base de connaissances mais ça ne touche pas vraiment nos émotions. On évite de confronter, d'assimiler. Ça demeure impersonnel.

Dissociation : c'est un mécanisme très commun. C'est se réfugier dans son monde imaginaire, c'est la fuite dans une dépendance ou un comportement compulsif quelconque. C'est aussi la recherche d’anesthésie... perdu dans quelques verres ou devant la télé.

3- Imiter les autres (mimétisme)
Consommation : le « désir mimétique », ruine ou sauveur du monde ?
 Article captivant en Français 

Faire comme les autres est un des comportements les plus sécurisants qui soit. Se conformer à la norme, s'identifier à notre groupe social (tribalisme) nous assure les bienfaits de la dopamine.
« Et si derrière ces fondements de la croissance se cachaient tout simplement les besoins et les désirs ? Le marketing classique est né avec un impératif : satisfaire les besoins des clients. Jean‑Bapstiste Say, dans son « Traité d’économie politique », écrivait déjà en 1803 : « Les besoins des consommateurs déterminent en tous pays les créations des producteurs ». Jusqu’au XXe siècle, les ressources limitées de la planète pouvaient (ou auraient pu) combler les besoins limités des humains. »
* * * * *

Au fond, tout ça est motivé par la peur, l'anxiété (sources de stress). Ce ne sont que façons différentes qu'elle a de s'exprimer. C'est sur notre crainte d'être une personne de rang inférieur que table le marketing, notre identité.

La peur joue un rôle de premier plan dans l'Évolution et la survie des animaux.

C'est ce qui permet de réagir aux dangers par un de ces mécanismes :
la fuite : (peu importe le genre)
la soumission : souvent dans des rapports d'autorité ou de nombre
le combat : l'action, la protestation, les sacrifices personnels...
comme l'a enseigné Henri Laborit dans ses livres.

Un bref mot sur le déni pur et dur :  c'est d'abord initié par les corporations, pour ne pas nuire à leurs profits (souvenez-vous de la campagne de déni des cigarettiers par exemple).
Merci à #CHESTER pour la caricature :)
Aussi, lorsqu'ils répètent ces inepties, ça permet à ces gens de croire qu'ils sont plus intelligents que tous ces scientifiques, et aussi de s'afficher en tant que membre d'une tribu. La politique, c'est tribal (demandez à Platon).
On aime bien nos egos quand ils sont bien gros.

* * * * *

Mais les dangers qui ne sont pas immédiats sont habituellement ignorés. Pourtant, c'est dans ces cas que notre intelligence devrait servir...


  * * * * *

Plus on est riche, moins on a de compassion

Source an Anglais : Scientific American -How Wealth Reduces Compassion 

Traduction d'un paragraphe : Qui est le plus susceptible de mentir, de tricher et de voler — le pauvre ou le riche? Il est ordinaire de croire que plus vous êtes riche, plus vous êtes susceptible d’agir équitablement. Après tout, si vous avez déjà assez pour vous-même, il est plus facile de penser à ce que les autres peuvent avoir besoin. Mais la recherche suggère que le contraire est vrai : alors que les gens gravissent l’échelle sociale, leurs sentiments de compassion envers les autres déclinent.

On me demande souvent :
«Y a-t-il de l'espoir?»
L'espoir n'est qu'à la mesure de notre courage,
pas de courage...
* * * * *

Merci de partager, c'est écrit pour informer


lundi 19 juin 2017

Désolé pour le ralentissement...

Je ne parle pas du réchauffement climatique ; il s'accélère à une vitesse fulgurante.


Non, c'est moi qui ralentit la cadence, je n'ai pas le choix.


Ne vous en faites pas, c'est temporaire... et j'essaierai quand même d'écrire, mais ce sera lent.

Il y a une centaine d'articles sur ce blogue, lisez, relisez et repartagez les SVP.

     Merci

Passez un bel été et pensez à réduire votre empreinte écologique



Une chanson de circonstances...


vendredi 2 juin 2017

La sombre histoire du "pas vraiment sécuritaire" 2°C

Je retrace les moments les plus importants de l'histoire méconnue du 2°C, cette limite qu'on estime maintenant beaucoup plus "dangereuse" pour l'humanité. Comme l'a dit James Hansen "2°C est une garantie de désastre à long terme".

__________

Rien ne permet d'affirmer que cette limite est "sécuritaire".  Il y a de plus en plus d'événements météo extrêmes, et tout laisse présager que le réchauffement va se poursuivre et même s'accélérer. Souvenons-nous que 93% du réchauffement va sans les océans et qu'ils se réchauffent dangereusement et à grande vitesse (article antérieur). Nous étions, fin 2016 à 1,2°C de réchauffement atmosphérique global moyen, 1,4°C si on se sert de l'an 1750 comme référence (selon les travaux de Michael Mann).

     D'où vient ce 2°C?

(Article source en Anglais)
Dans les années 1970, un professeur d'économie de l'université Yale, William Nordhaus, a fait allusion au danger de dépasser la limite de 2°C car cela propulserait le climat dans une zone non familière aux humains.

Voici les prévisions qu'il a faite avec les moyens de l'époque. Surprenant comment il est presque dans le mille. Cela signifie que la science du réchauffement climatique était déjà passablement robuste à l'époque, l'effet des gaz à effet de serre étant connu depuis 1875 grâce aux travaux de John Tyndall en thermodynamique.

C'est quand même relativement facile (pas pour moi) de calculer la quantité de réchauffement si on connaît les quantités et les effets des gaz à effet de serre, on peut calculer l’absorption de chaleur au mètre carré. Ce qui est (encore) plus difficile à comprendre et à prévoir, ce sont les impacts de ce réchauffement qu'on sait déjà bien pires que prévus.

Le réchauffement "officiel" fin 2016
Poursuivons l'histoire...

En 1990. Une équipe de chercheurs du " Stockholm Environment Institute", appuyée sur les informations scientifiques de l'époque, ont suggéré une limite de 2°C afin d'éviter les pires impacts. Ils nous ont aussi prévenus que dépasser les 2°C, les risques seraient plus grands.

Leur rapport dit aussi  que "dépasser 1°C de réchauffement pourrait déclencher des réponses rapides, imprévisibles et non linéaires (exponentielles donc) qui risqueraient de causer des dommages considérables aux écosystèmes", ce que nous appelons maintenant les boucles auto-amplificatrices du système climatique. Le rapport dit aussi qu'il n'y a rien de sécuritaire à 2°C de réchauffement. (On nous aurait donc menti?)

Peu après la parution de cette étude, 2°C est apparu dans le discours politique. (Vous auriez choisi 1°C ou 2°C vous?)

En 1992, les "leaders du monde" ont signé le Cadre des Nation-Unies (ONU) à propos du changement climatique au Sommet de la Terre à Rio ; une convention obligeant les pays à "stabiliser la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau qui préviendrait la dangereuse interférence anthropogénique (la nôtre) avec le système climatique". (Il y a eu d'autres Sommets de la Terre)

Ensuite, en 1996, Conseil européen de l'Environnement est devenus le premier corps politique à soutenir la proposition de 1992 et ont déclaré que : "la température moyenne globale ne devrait pas dépasser 2°C au-dessus de la moyenne préindustrielle".
(1750 est considéré par les climatologues comme le début de l'ère préindustrielle. La moyenne dont se sert le GIEC et les COP est de 1850 à 1900 est le début le l'ère industrielle. Mais les politiciens, spécialistes du double langage, disent "ère préindustrielle" alors qu'ils parlent vraiment du début de l'ère industrielle qui a commencé un siècle plus tard).

Un an plus tard (en 1997), 193 pays ont signé la première entente contraignante selon le Protocole de Kyoto. Le traité impose des limites aux émissions des pays en tenant compte de leur contribution historique au réchauffement climatique et la capacité de mettre en oeuvre des politiques dans le but de réduire pour 2012 les émissions globales de 5% par rapport aux niveaux de 1990. (Depuis 1992, nos émissions ont augmenté de 60%). 2°C n'a pas été mentionné lors de ces rencontres, ce sont les médias qui ont publié ce chiffre.

Nous suivons actuellement la trajectoire du scénario RCP 8,5 (orangé) c'est le pire des scénarios. Cette trajectoire nous garantit 3,2°C à 5.4°C et possiblement plus pour 2100 ; c'est l'équivalent d'un suicide collectif : y'a pas d'autres mots.
 
Quand le traité a formellement pris effet en 2005, il était signé par près de 160 pays. Par contre, l'absence du plus important émetteur de l'époque, les États-Unis ont refusé de signer mais se disaient ouverts à une entente globale sans toutefois vouloir aller aussi loin que le protocole de Kyoto.

La limite de deux degrés était un point de contestation particulier pour les diplomates américains, montrant combien il était symboliquement important. Lors du sommet du G8 en 2008, ils auraient cité des références aux deux degrés C à partir d'un projet de conclusion du sommet proposé par la chancelière Merkel.

Un éditorial conjoint (article en Anglais) publié dans 56 journaux à la veille de la COP 15 à Copenhague en 2009 disait ceci :
"La science est complexe, mais les faits sont clairs. Le monde doit prendre des mesures pour limiter la température à 2°C, une cible qui exigera les émissions globales de plafonner d'ici 5 à 10 ans. Une hausse plus élevée, tel 3°C à 4°C – l'augmentation la plus faible à laquelle on doit s'attendre en cas d'inaction – assécherait les continents et transformerait les terres agricoles en désert. La moitié de toutes les espèces s'éteindrait, des millions d'humains seraient déplacés et des nations seraient englouties par la montée des océans."
Malgré toutes les attentes et les pressions, la COP a échoué (à cause des climatonégationnistes) encore une fois à convaincre tous les pays à signer cet accord (article en Anglais). Ce sont bien sûr les États-Unis qui ont encore refusé (à cause du lobby du pétrole).

Finalement, c'est l'année suivante lors de la Conférence de Cancún de 2010 sur le climat que la limite de 2°C sera enchâssée dans les politiques climatiques internationales contraignant les gouvernements du monde à maintenir le réchauffement global moyen sous les 2°C.

Puis vint Paris et 1,5°C... Tous les climatologues sérieux savent que ce sera impossible de rester sous les 1,5°C et ils l'ont dit au lendemain de la COP 21.
"Les promesses faites lors de cette COP 21 nous garantissent de 3°C à 4°C de réchauffement avant la fin de ce siècle.

Ce graphique est basé sur le scénario RCP8,5, le pire des scénarios et c'est la trajectoire sur laquelle nous sommes. Et la spirale s’arrête à 2100, et ensuite...?

Et nous savons que ce scénario RCP8.5 ne tient pas compte de plusieurs boucles auto-amplificatrices  du système climatique ; ils en ignoraient l'existence d'une trentaine qui ont été découvertes depuis.

Pour avoir un petit aperçu d'un futur pas très lointain : La Très Controversée Étude du Célèbre James Hansen et son Équipe

2°C ne sera qu'étape de plus et le réchauffement climatique va se poursuivre jusqu'à..?

mardi 14 mars 2017

Pourquoi tant de variation dans les estimations de la hausse du niveau des océans? Qui croire?

J'essaie d'être une source d'information fiable mais je dois composer avec les informations et études scientifiques disponibles et courantes ; la science (la compréhension) évolue constamment... et très rapidement dans le domaine de la science climatique.
Pour comprendre pourquoi les estimations de la hausse du niveau des océans varient tellement, il faut savoir qu'il y a différentes méthodes pour en faire l'évaluation. À chaque année quand ce n'est pas aux six mois, on apprend que la fonte s'accélère ; que le niveau des océans va grimper plus haut et plus tôt que prévu...

     Commençons par le GIEC puisque c'est l'estimation la plus citée

Ce qu'il faut savoir c'est qu'à cause du lent processus de rédaction et de révisions, les rapports du GIEC, lorsqu'ils paraissent, sont appuyés sur des études scientifiques (révisées et approuvées par des pairs) vieilles d'au moins deux ans. Le processus de révision d'une étude scientifique peut à lui seul prendre 2 ans, parfois plus. Donc, entre une découverte ou une série d'observations faites scientifiquement, deux ans de délai avant  que nous en soyons informés et encore 2 ans avant que le GIEC n'en tienne compte.. À cause de l’engouement du public pour l'astronomie et du caractère différent de cette science, les  découvertes astronomiques nous parviennent beaucoup plus rapidement

Dans leur 5e rapport (AR5) paru en 2013, le GIEC prévoyait une hausse du niveau des océans d'un mètre au maximum. Mais le GIEC n'a pas inclus la fonte des calottes et glaciers dans ses prévisions ; ils ne savaient pas comment modéliser la fonte car c'est un processus très complexe et en science, on ne parle que de ce qu'on sait calculer, de ce qui est établi et vérifiable. Donc, la hausse prévue du niveau des océans dans le 5e rapport du GIEC est très principalement attribuée à la dilatation de l'eau sous l'effet de la chaleur qui a l'époque, était la cause principale de la hausse du niveau des océans.

Le prochain rapport du GIEC devrait paraître en 2018, sa rédaction est déjà entamée.

     Les estimations de fonte selon les modèles



La taille des carrés est ce qu'on
appelle la résolution du modèle.
Pour faire un modèle, ils découpent un territoire en grille. Selon leur position respective dans la réalité, on attribue un taux de fonte à chaque carré déduit selon la température moyenne connue et d'autres facteurs ayant un impact sur la fonte.

Vu que la réalité contient des variables qu'on a aussi programmé dans le modèle, on fait tourner la simulation plusieurs fois ce qui donne une "fourchette de prévisions" exemple, 10 à 20 cm de hausse du niveau des océans pour cette portion. Mais ces simulations numériques sont généralistes ; chaque carré de la grille comporte, dans la réalité, des complexités dont les modèles ne tiennent pas encore compte et qui sont par surcroît, très difficiles à prendre en compte.

La majorité des modèles de fonte sont basés uniquement sur la température atmosphérique, ils passent donc à coté de beaucoup de facteurs, comme l'écoulement de l'eau sur, dans et sous la glace et ne tiennent pas compte non plus des irrégularités et anomalies de la surface comme l'assombrissement de la neige, voyons tout ça de plus près.


     Ce dont les modèles de fonte des calottes et glaciers ne tiennent pas compte

La glace des calottes n'est pas, n'est plus en fait, lisse et blanche. La fonte, la pollution, les cendres, etc. changent l'aspect de tout ; comme ces crevasses quasi impossibles à modéliser ; du sombre, du blanc, du sale, de l'eau ; comment tenir compte de tous les différents taux de fonte d'un paysage comme celui-ci?
Des crevasses à l'origine surprenante. Quand les glaciers s'écoulent vers la mer, ils ont tendance à s'étirer, c'est cet étirement de la glace qui cause les crevasses de ce genre qu'on voit sur l'image ci-dessous. Cet étirement augmente la surface de fonte et la glace doit aussi avoir perdu en densité. Encore un phénomène complexe trop difficile à résumer en formules mathématiques (pour le moment) servant à programmer les modèles de fonte.

"Si en politique on nous dit de suivre la trace de l'argent, au Groenland, il faut suivre la trace de l'eau."

Des lacs de fonte comme on voit ici se forment et disparaissent parfois subitement . Lorsque ces lacs sont à la surface, ils augmentent le taux de fonte car leur teinte foncée absorbe beaucoup plus de chaleur venant du soleil alors que la glace blanche réfléchit ce rayonnement vers l'espace ; un autre facteur de fonte important dont les modèles ne peuvent encore tenir compte faute de formulations mathématiques.
L'eau plus chaude de ces lacs de fonte s'enfonce via des trous qu'on nomme "moulins" dans les couches sous-jacentes qui ramollissent ce qui créé parfois l'équivalent de nappes phréatiques faisant aussi fondre le Groenland de l'intérieur.
Des gens explorent un "moulin". L'intérieur du Groenland se transforme en fromage suisse. Source
Aussi, l'eau coule souvent jusqu'au fond rocheux et va lubrifier les glaciers par le dessous ce qui augmente la vitesse à laquelle ils glissent vers l'océan, et ce n'est évidemment pas pris en compte dans les modèles.

Même où la neige paraît blanche, du moins à vue d'oeil, les instruments nous révèlent qu'elle s'est assombrie ; un autre facteur qui pris à grande échelle accroît irrémédiablement le taux de fonte. Ce qui complique aussi les choses, c'est que le climat en Arctique se dérègle ; il y a de nos jours des périodes atteignant parfois deux mois sans aucune précipitation sur certains secteurs du Groenland et quand la neige fond, les saletés restent en surface ; la teinte prend alors l'apparence d'un stationnement et accroît de beaucoup le taux de fonte.
Oui oui, c'est bien une partie de la surface du Groenland ; la glace est sous la crasse.
Station d'instruments de mesure climatiques sur la calotte. Les conditions de travail sont de plus en plus dangereuses, voyez ces fissures récentes.
De très près, voici à quoi ressemblent d'autres sections qui paraissent orangées, même vu depuis l'espace. Ce sont des micro-algues qui s'installent avec la chaleur accrue et l'ensoleillement. Ça fait à peine quelques années qu'on a remarqué ce phénomène qui, évidemment, prend de l'ampleur à mesure que le climat se réchauffe et n'est pas pris en compte dans les modèles de fonte...
Ça aussi n'est pas pris en compte dans les modèles de fonte.

Cette section a été extraite de la conférence du glaciologue Jason Box ci-dessous. Pour consulter ses travaux : http://jasonbox.net/
Pour conclure la section modélisation, on pourrait dire que les modèles tentent de rattraper la réalité.
     La méthode comparative

On compare la période actuelle avec une période antérieure comme l'a fait James Hansen dans une étude qui a regroupé de 17 scientifiques et dont j'ai parlé dans cet article antérieur.

Des données datant de la précédente période interglaciaire, l'Eémien d'il y a de 131 000 à 114 000 ans (voir Wikipédia Fr) qui démontrent que, même si cette période était d'environ 1°C moins chaude (parce que l'axe de rotation était un peu moins incliné à l'époque à cause des cycles orbitaux de Milankovitch) qu'aujourd'hui (2015) que le niveau des océans était de 5 à 9 mètres plus élevé ; on doit donc s'attendre à cette hausse. Cependant l'étude de Hansen ne dit pas en combien de temps le niveau des océans va monter, il mentionne 50 ans, 100 ans et 200 ans.

C'est très peu probable que le niveau des océans monte progressivement. On doit s'attendre plus loin dans le temps à des hausses relativement rapides comme cela s'est produit dans le passé de la Terre. L'impulsion de fonte 1A, [... avec des taux estimés de 27 mm/an à 65 mm/an.]


     Une méthode vraiment pas scientifique

Il y a une troisième méthode pour évaluer la hausse du niveau des océans, la méthode "ingénieur". Elle n'est absolument pas scientifique...

Comment un ingénieur aborde-t-il la situation? Crayon, papier et un calcul simple basé sur deux données facilement disponibles.
1- le taux de fonte annuel
2- la période à laquelle le taux de fonte double (ou triple).

Le taux de fonte moyen du Groenland  280 ± 58 Gt/an.
Lors de l'année 2012-2013, le Groenland a perdu 474 Km3 de glace.

Des résidence très vulnérables. Source Ben Strauss, bstrauss@climatecentral.org

Le taux de fonte de l'Antarctique est d'environ 118 Gt/an selon la NASA et triple aux 10 ans en plusieurs endroits de l'Ouest de l'Antarctique. Qu'on le double aux 6-7 ans ou qu'on le triple aux 10 ans, ça revient sensiblement au même.

Le fait que le taux de fonte du Groenland ait récemment doublé en 4 ans est-il une nouvelle tendance ou une exception? Depuis ce temps (2014), la température moyenne globale a grimpé de plus de 0,3°C et donc du double ou du triple dans l'Arctique (0,6°C à 0,9°C) de hausse de la température en 3 ans! La Terre n'a jamais rien connu de tel.

Vu que les modèles numériques (simulations) et que la méthode comparative ne permettent pas de faire des prévisions utilisables, reste la "méthode ingénieur" ; un calcul simple qu'on peut faire sur un bout de papier : nous connaissons le taux de fonte savons qu'il triple (environ) aux 10 ans. Ça semble être le moyen le plus "juste" de prévoir le taux de montée du niveau des océans, mais ce n'est pas scientifique.

Le graphique qui suit est basé uniquement sur la hausse du niveau des océans attribuable à la fonte du Groenland. Le taux de fonte initial (2017) est établi à 300 Gt/an.
NOTE 1 : Un Km cube de glace = 1 milliard (1 Gigatonne) de tonnes d'eau.
NOTE 2 : Cela prend 380 Km3 pour élever le niveau des océans de 1mm.
Le Groenland serait donc complètement fondu vers 2085 et à lui seul, aurait fait grimper de 7,2 mètres le niveau global moyen des océans du globe. Selon l'étude comparative de James Hansen, ça cadre parfaitement dans ses prévisions (5 à 9 mètres) si on utilise la valeur intermédiaire de 75 ans.
La fonte en Antarctique, selon la même méthode de calcul, ajouterait 3,9 mètres aux 7,2 mètres pour un total de 11,1 mètres de hausse atteint en 2085. En 2045, ça fait déjà 1,43 mètres de plus aux océans ; adieu beaucoup de grandes villes, le Bangladesh, une grande portion de la Floride, etc.

Je vous recommande quand même de vous éloigner des côtes pendant que votre résidence a une bonne valeur ; ce n'est pas les climato-négationnistes qui manquent pour vous la racheter. J'ai appris cette semaine qu'en Floride, les résidences près de la côte sont de plus en plus difficiles à vendre.

     Variation du niveau des océans au cours des âges

Rappelons que la civilisation humaine n'existe que depuis 10 000 ans : quand nous avons entrepris l'agriculture. Nous sommes dans la période géologique de l'Holocène. D'autres parlent d’Anthropocène (l'ère de l'Homme), puisque nous affectons toute la biosphère et le climat, surtout depuis les derniers 50 ans, mais des géologues disent que l’Anthropocène sera un sujet d'étude pour les géologues dans quelques dizaines de milliers d'années.

Ce sont les variations orbitales nommées paramètres de Milankovitch qui sont la cause de l’alternance des périodes glaciaires et interglaciaires, et ce sont ces périodes qui déterminent le niveau des océans ; dans un âge glaciaire le niveau des océans diminue car l'eau se transfère dans les calottes polaires ; et lors d'un âge interglaciaire, la glace fond et fait remonter le niveau des océans.
L'étendue de la glace lors du dernier âge glaciaire.
Les périodes chaudes sont les périodes dites interglaciaires ; c'est à cause de la reprise d'activité des végétaux et du dégel que le taux de CO2 augmente et le CO2 étant un gaz à effet de serre, il participe à aussi la hausse de la température.

Les derniers 500 000 ans en climat : quatre âges glaciaires, de mini-âges glaciaires et quatre périodes interglaciaires...
Adapté depuis le graphique d'une des études de James Hansen par l'océanographe John Englander
Dans les conditions actuelles, je ne sais pas qui vous recommander de croire, mais vous avez du choix...

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Si vous mettez un gros monticule de glace sur votre table, vous noterez que ça prend du temps avant que la glace commence à fondre, qu'elle fondra de plus en plus vite, et qu'elle prendra plus de temps à fondre s'il fait 2°C dans votre cuisine que s'il y fait 22°C ; il fait encore relativement frais dans l'Arctique, pourtant, le Groenland fond déjà rapidement. Nous n'en sommes qu'au début.

Il y a beaucoup d’inertie dans la fonte des calottes glaciaires ; ça pourrait prendre 200 ans de fonte (ou plus) avant que le niveau des océans n'atteigne l'équilibre avec la température actuelle... car le niveau des océans est directement dépendant de la température moyenne globale. Mais la température va apparemment continuer de grimper jusqu'à au moins 4°C de réchauffement global moyen (mesure qui ne tient pas compte de la hausse importante de la température des océans).

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Je me répète : bien que la hausse du niveau des océans paraisse catastrophique, elle demeure un inconvénient mineur comparé à la hausse de la température ou l'acidification des océans.

jeudi 26 janvier 2017

Chaleur Anormale en Antarctique, Fonte en Surface, Fissures Géantes dans les Plates-Formes de Glace - Les Signes Plus Troublants d'un Monde Basculant Dans le Chaos Climatique

Traduction de l'article de Robert Scribbler : Abnormal Antarctic Heat, Surface Melt, Giant Cracks in Ice Shelves — More Troubling Signs of a World Tipping Toward Climate Chaos.

Merci à Robert Scribbler pour son autorisation à traduire cet article.

Tout le long de ses côtes et du haut des glaciers jusqu'au fond sous-marin des plate-formes de glace, l'Antarctique est en train de fondre. Des températures de surface au-dessus du point de congélation pendant l'été austral de 2016-2017 ont entraîné la formation de nombreuses mares de fonte sur la surface tout autour du périmètre de l'Antarctique. De grandes fissures se creusent à travers les plates-formes de glace de l'Antarctique tandis que les courants océaniques plus chauds font fondre les glaciers imposants par en-dessous. L'image d'ensemble est celle d'une région gelée à l'importance critique subissant des changements rapides en raison du réchauffement forcé de notre planète par l'homme - un réchauffement qui a amené l'Antarctique à un point de basculement, pour de telles modifications fondamentales à la glace Antarctique, est maintenant susceptible d'entraîner un taux accéléré de l'élévation du niveau des océans dans le monde entier.

     Surface fondue visible par satellite

Pendant la période de 2016 à 2017, les températures de surface de l'Antarctique variaient entre 0,5°C et 1°C au-dessus de la moyenne 1979 à 2000 (en Anglais) pour la majeure partie de l'été de l'hémisphère sud. (En 2015, l'Antarctique s'était réchauffé de 3°C par rapport à 1960.) Bien que ces anomalies pour cet énorme continent glacé paraissent faibles à première vue, elles se sont traduites par des périodes de températures locales jusqu'à 20°C au-dessus de la moyenne. En conséquence, les mesures autour de l'Antarctique le long et près de la zone côtière se sont élevées au-dessus du point de congélation à de nombreuses reprises. Ces périodes de temps beaucoup plus chauds que la normale ont à leur tour précipité des épisodes très répandus de fonte superficielle.

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L'échelle représente le taux de variation de l'épaisseur, rouge = diminution, bleu = augmentation. Source : Volume Loss from Antarctica’s Ice Shelves is Accelerating/Sciencemag.org.
Ci-dessus, la carte du changement de volume causé par la fonte en Antarctique montre l'amincissement au long des différentes plates-formes de glace côtières de 1994 à 2012 qui fournit une bonne référence géographique pour les plates-formes de glace qui connaissent une fonte en surface ou une formation sévère de crevasses. La plate-forme de glace Amery [AME], la plate-forme de glace Roi Baudouin [BAU] et la plate-forme de glace Lazarev [LAZ], stables jusqu'en 2012, ont toutes fait l'objet d'une très grande fonte de surface cet été. Pendant ce temps les plates-formes de glace Larsen C [LAC] et Brunt [BRU] présentent de grandes crevasses qui menacent de les déstabiliser. La perte de volume des barrières de glace s'accélère (en Anglais).

NOTE : les plates-formes de glace sont souvent nommées "barrières de glace" en Français car elles servent à retenir glaciers et inlandsis (gigantesques glaciers) sur le continent ; lorsqu'elles disparaîtront, les glaciers et inlandsis pourront glisser plus rapidement ver la mer et aunsi accélérer grandement la hausse du niveau des océans.

Cette année, une région en particulier a vu des températures atteindre plus de 0°C de façon constante : la vallée dans laquelle les glaciers Lambert, Mellor et Fisher se déversent dans la plate-forme de glace Amery (en Anglais). Là, le réchauffement a entraîné la formation de multiples grands bassins de fonte en surface. L'image ci-dessous est une vue par un satellite de la NASA du 22 janvier [2017] d'une section approximativement de 160 km x 65 km de cette zone d'épanchement glaciaire. Les zones bleues sont des bassins de fonte, dont certains mesurent jusqu'à 5 km x 32 km.


La plate-forme de glace Amery est l'une des plus importantes de l'Antarctique Est. Comme beaucoup de plates-formes de glace de l'Antarctique, Amery est en train de fondre, avec environ 46 milliards de tonnes de glace perdues par cette seule plate-forme seule à chaque année (en Anglais). Comme avec d'autres plates-formes de glace de l'Antarctique, la fonte d'Amery se fait surtout par le dessous, sous la surface de l'océan et est causée par le réchauffement des eaux océaniques. Cependant, au cours des dernières années, une surface considérable fond sur les glaciers alimentant Amery qui ont probablement aussi contribué à des pertes importantes de volume de la plate-forme.

De grands bassins de fonte jusqu'à 32 Km de longueur couvrent les glaciers qui se répandent dans la plate-forme de glace Amery le 22 janvier 2017.
Source de l'image: LANCE MODIS.
La fonte de surface pour Amery est devenue une caractéristique de plus en plus répandue depuis 2013, avec la fonte de 2017 au 22 Janvier la plus étendue pour chacune des cinq dernières années dans cette région. L'Antarctique Est a rarement vu de grands événements de fonte avant les années 2000, ainsi le réchauffement de cette année et les grands bassins de fonte en sont une caractéristique exceptionnelle. Alors que le réchauffement basique est souvent la cause des plus grandes pertes de masse, la fonte de surface peut agir comme un coin géant introduit dans les plats-formes de glace, aidant à les briser. Le coincement provoqué par la fonte des glaciers peut également augmenter leur vitesse de déplacement vers l'avant à mesure que la quantité de chaleur augmente et que les points où les glaciers entrent en contact avec le sol se lubrifient.

En se déplaçant en direction du Nord vers la Terre de Dronning Maud le long de la côte de l'Antarctique Est, nous trouvons une autre région de bassins de fonte sur la plate-forme de glace du Roi Baudouin (en Anglais). Presque aussi répandue et étendue que la fonte des glaciers sur la plate-forme Amery, la fonte au Roi Baudouin n'est pas moins impressionnante et inquiétante.
La plate-forme de glace du Roi Baudouin montre une fonte étendue sur une bande de 40 milles de son coin sud-ouest en janvier 2017. Source de l'image: LANCE MODIS.
La zone de fonte la plus grande montre un réseau de lacs de fonte presque continu le long d'une diagonale de 65 km de large près du point de contact sud-ouest de la plate-forme de glace avec le continent de l'Antarctique Est. Une partie plus petite de la masse fondue apparaît comme des taches bleu-clair à environ 97 km à l'ouest de la plus grande zone de fonte dans l'image ci-dessus (pour référence, le bord inférieur du cadre de l'image représente environ 400 km).

Contrairement à la surface glaciaire près de Amery, la fonte sur le Roi Baudouin se produit directement au-dessus de la plate-forme de glace flottante. Cette forme de fonte ajoute des contraintes plus importantes car les lourds bassins d'eau peuvent agir comme des coins qui creusent des espaces entre les parties de la glace. Des exemples antérieurs de lacs de fonte sur de vastes surfaces se sont produits en conjonction avec la rupture rapide des plates-formes de glace de Larsen le long de la péninsule antarctique. En comparant les années passées dans le dossier satellite, nous constatons que cette région du Roi Baudouin a été susceptible à la fonte depuis au moins 2013. Cependant, l'étendue de la fonte 2017 est la plus grande dans le dossier satellite pour cette période de l'année.

La prochaine plate-forme de glace à l'ouest du Roi Baudouin, la plate-forme de glace de Lazarev (en Anglais), montre la fonte étendue le long de ce qui semblent être différents dispositifs de scindage sortant d'un espace ouvert sur l'océan où la plate-forme de glace est en contact avec le continent.

Bassins de fonte de 16 km) de long, visibles à la surface de la plate-forme de glace de Lazarev. Source de l'image: LANCE MODIS.
Au cours des dernières années, l'ouverture sur l'océan - visible sous la forme d'une section sombre vers le centre de l'image ci-dessus - s'est lentement agrandi. Là, l'eau de l'océan a progressivement occupé une partie de plus en plus grande du point de contact terrestre de Lazarev. En attendant, de 2013 à 2017, les bassins de fonte ont tendu à rayonner autour de cette région entrouverte le long des fissures dans la structure de la plate-forme de glace pendant l'été car les températures de l'air ont monté au-dessus de zéro.

Cette année, la fonte semble être assez étendue avec deux bassins de fonte parallèles long de 16 km et remplissant le dispositif de crevasses avec de nombreux bassins de fonte plus petits intercalés. L'espace océanique ouvert combiné avec des crevasses remplissant ce qui est maintenant l'eau de fonte saisonnière donne l'impression d'ensemble d'une structure plutôt faible. 


     Les plates-formes de glace se fissurent

Bien que les secteurs situés sur ou près des plates-formes de glace d'Amery, du Roi Baudouin et de Lazarev présentent les caractéristiques de fonte en surface les plus évidents, de grands bassins de fonte se sont aussi formés près de la plate-forme de glace de Fimbul. Des bassins se sont également formés lors d'un événement de vent de Föhn (en Anglais) près de la Langue de Glace de Drygalski (en Anglais). Même si de telles circonstances de fonte de surface deviennent une caractéristique évidente dans l'Antarctique, au moins deux grandes plate-formes de glace ont été traversées par des fissures croissantes qui menaçaient leur stabilité.

L'une de ces fissures, qui a connu une expansion rapide, a contraint l'équipe de recherche britannique Halley VI à évacuer sa base d'opérations sur la plate-forme de glace flottante de Brunt. Ce fossé, qui n'a progressé que graduellement vers la fin de 2016, a doublé sa longueur en moins de trois mois. Son gouffre béant menaçait de couper l'expédition de la partie continentale de l'Antarctique et de la mettre à la dérive en mer, obligeant à une évacuation précoce par précaution (en Anglais).

 
Vidéo d'un drone de la fissure de la plate-forme de glace de Brunt qui a connu une croissance rapide. D'octobre à début janvier, la fissure a doublé, passant de 22 kilomètres à 44 kilomètres de long. Source vidéo: Antarctic Survey (en Anglais).

Pendant ce temps, une grosse fissure qui causera bientôt le vêlage d'un iceberg de 5,180 km/2 qui se détachera de la plate-forme de glace de Larsen C, s'est récemment allongée de 10 km passant à 160 km de long. Le morceau de glace de la taille du Connecticut n'est retenu que par un lien de 24 à 32 km. Avec la perte de ce très grand segment de glace, les chercheurs craignent que Larsen C puisse se déstabiliser pour
succomber aux sorts de Larsen A et Larsen B - se briser en milliers d'icebergs et flotter en se répandant dans l'océan Austral.

     Les signes de fonte annoncent la déstabilisation à venir car les températures au-dessus du point de congélation approchent

Avec tant de grands bassins d'eau de fonte et de fissures liées à la fonte se formant dans les plates-formes de glace de l'Antarctique, il est intéressant de considérer que ces barrières servent de bouchon retenant de grands glaciers hors de l'océan. Et comme plus de plates-formes fondent et se déstabilisent, plus vite ces glaciers se déplaceront et plus vite les océans du monde s'élèveront.

Tant d'étendues de fonte et tant de fissurage des plates-formes de glace de l'Antarctique sont des signes d'avertissement clairs. Et si suffisamment de plates-formes de glace venaient à disparaître, alors les taux d'élévation du niveau de la mer pourraient atteindre plusieurs mètres pendant ce siècle.

Beaucoup d'endroits le long de la côte de l'Antarctique verront 5-15°C au-dessus de la moyenne des températures de surface cette semaine, une continuation d'une forte pression superficielle de fonte pour l'été austral de 2016-2017.
source: Climate Reanalyzer.
Cette semaine, on prévoit encore plusieurs jours avec des températures au-dessus ou tout près du point de congélation le long des régions côtières de l'Antarctique Est et Ouest, de sorte que l'étonnante pression à la fonte due à la chaleur excessive de l'atmosphère devrait continuer à jouer pendant au moins les sept prochains jours alors que l'été Austral se poursuit. Comme la pression à la fonte qui provient du réchauffement de l'océan sous les plates-formes de glace - c'est maintenant la caractéristique de toute une année pour de nombreux endroits.

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Liens source en Anglais:


Climate Reanalyzer
Volume Loss from Antarctica’s Ice Shelves is Accelerating
LANCE MODIS
Antarctic Survey
Rapidly Growing Crack in Brunt Ice Shelf Forces Evacuation of Halley Research Station
Larsen C Ice Shelf Crack Just Grew By Another 6 Miles
Did Föhn Winds Just Melt 2 Miles of Antarctic Surface Ice in Just One Day?

Robert Scribbler remercie :
Shawn Redmond
Jeremy in Wales
Colorado Bob

samedi 21 janvier 2017

Le taux d'oxygène dans notre atmosphère diminue


Notre planète est un vaisseau spatial avec tous les systèmes nécessaires à la survie, à la Vie. La Terre orbite autour du soleil à 30km/seconde (108,000 km/h) et notre soleil orbite autour de la Voie Lactée à 230 km/s (828,000 km/h).

Station spatiale à planète Terre : vos générateurs d'oxygène tombent en panne.

Remerciements à la NASA

     Nos sources d'oxygène


Nous en avons deux, la végétation terrestre et la végétation aquatique. J'ai entendu quelques chiffres différents, mais en gros, le phytoplancton (plantes microscopiques vivant dans l'eau) produit entre 50% et 75% de l'oxygène essentiel pour la Vie sur Terre (et dans l'eau).

Les végétaux capturent le CO2 et grâce à la photosynthèse produisent l’oxygène en retour. On devrait apprendre ceci à la petite école.

Le phytoplancton regroupe des milliers d'espèces et constitue à lui seul environ 50 % de la matière organique (biomasse) produite sur Terre. Sa durée de vie est courte mais il se reproduit rapidement et en très grand nombre. Son cycle de vie court et sa masse prodigieuse en font un excellent puits de carbone. La géo-ingénierie étudie la possibilité de favoriser les éclosions de phytoplancton afin d'absorber plus de CO2.
Éclosion de phytoplancton au large de l'Islande. Source NASA
En plus de produire la plus importante part de l'oxygène essentielle à la vie, le phytoplancton est la base absolue de la chaîne alimentaire océanique. Impossible de trouver un organisme plus essentiel à la Vie.

Autre point important, le phytoplancton capture du CO2 et s'il y en a moins... vous devinez la suite. 

     La végétation terrestre


On l'a vu dans des articles antérieurs, la végétation terrestre commence à mourir ; elle capture donc moins de CO2 et en émet  dans des régions de l'Amazonie et de l'Afrique de l'Ouest, on s'attend évidemment à ce que ce phénomène continue de s'étendre.

Selon de récents rapports préliminaires, les forêts boréales commencent elles aussi à être mal en point et contrairement à ce qu'on tentait de nous faire croire, le réchauffement et l'augmentation du taux de CO2 ne favorisent en rien la croissance des forêts boréales, et avec le réchauffement qui s'accentue sévèrement dans les régions arctiques ; tous ces arbres commencent à dépérir. Source en Anglais.

Pour rester dans la forêt boréale, une nouvelle étude démontre que les feux de forêts qui se produisent dans la région des plaines du Yukon en Alaska (en rouge sur l'image) font de cette région une source de carbone exportée vers l'atmosphère. C'est inquiétant car les forêts semblables contiennent environ un tiers de toutes les réserves de carbone terrestre. Article source en Anglais.
La région de l'Alaska à laquelle l'étude fait référence (Yukon flats).

     L'oxygène de source maritime


Mais dans les océans, la situation est encore plus grave. 40% du phytoplancton a disparu depuis les années 1950, principalement à cause de l'acidification des océans dont la cause est la même que le réchauffement climatique, nos émissions de CO2.

Le CO2 rend l'eau plus acide ce qui acidifie évidemment les sols à et dans une proportion plus importante, les océans. Des variétés de phytoplanctons et de zooplanctons se composent une carapace comme les huîtres et autres crustacés.
Carapace endommagée par l'acidification. Photo provenant
d'une étude de la Royal Society of London
Cette carapace est du carbonate de calcium, substance qui a tendance à se désagréger dans l'eau plus acide comme on le voit sur la photo ci-haut. Les huîtres, moules et autres crustacés font face au même problème ; leurs carapaces se désagrègent et/ou sont plus difficiles à former, surtout lorsqu'ils sont jeunes.

     Et le taux d'oxygène de notre atmosphère baisse?

Oui, mais lentement pour le moment. D'un autre point de vue, le taux d'oxygène atmosphérique devrait augmenter car l'eau de plus en plus chaude contient moins d'oxygène et celle-ci migre obligatoirement vers notre atmosphère.

Enfin, quand je dis lentement, le taux d'oxygène décroît 4 à 5 fois plus vite que le taux de CO2 augmente...
Diminution du taux d'oxygène selon un instrument de mesure situé sur la côte Ouest des États-Unis. Source : http://scrippso2.ucsd.edu/

Instrument de mesure identique situé au large de l’Australie.
Source : http://scrippso2.ucsd.edu/
NOTE : le graphique en forme d'escalier représente la différence entre la saison au cours de laquelle l'oxygène (O2) est produite (l'été vers le haut) et l'hiver (en bas). Nous perdons annuellement 19 molécules d'oxygène pour chaque million de molécules d'oxygène ; soit 19 ppm alors que le taux de CO2 ne grimpe que de 4ppm par an. Il y a 21% d'oxygène dans notre atmosphère, mais 0,04% de CO2. Bien qu’apparemment minime, le CO2 ne devrait composer plus de 0,028% de notre atmosphère ; c'est l'équivalent du venin, un tout petit peu suffit...

La principale cause de la diminution du taux d'oxygène est que nous en brûlons beaucoup avec nos combustibles fossiles ; il ne pourrait évidemment pas y avoir de combustion sans oxygène. Donc, nous le brûlons pour émettre du CO2 ; c'est un peu comme de brûler la chandelle par les 2 bouts...

Évidemment, la perte du phytoplancton laisse présager que la Vie sur Terre va éventuellement suffoquer. Dans ses conférences (et ses recherches), Peter Ward, spécialiste des extinctions massives affirme que la disparition de la majorité de l'oxygène fait partie du processus des extinctions massives causées par un réchauffement du climat.

Quel avenir? Pas d'environnement = pas d'économie + pas de vie.
Évidemment, la perte de phytoplancton et de végétation terrestre contribue aussi à la diminution du taux d'oxygène. Et comme le reste de tous les aspects du réchauffement climatique, ça va s'accélérer puisque nous ne faisons rien de significatif pour résoudre ces problèmes. Parler ou écrire ne suffit pas.

Failing phytoplankton, failing oxygen: Global warming disaster could suffocate life on planet Earth (Déclin du phytoplancton, déclin de l'oxygène : le réchauffement global pourrait suffoquer la Vie sur terre), étude en Anglais.

     De O2 à O3

L'oxygène dont la vie a tant besoin est moléculaire (O2), ça veut dire qu'il est fait de 2 atomes d'oxygène. Mais il y a aussi l'O3, l'ozone. Bon, nous avons tous entendu parler de la couche d'ozone qui se situe dans la stratosphère, soit de 20 à 40 km d'altitude. Mais il y a aussi de l'ozone en basse atmosphère (troposphère) qui est un polluant plutôt nocif, particulièrement pour les voies respiratoires. Gare au smog, il contient évidemment de l'ozone. Il a aussi un impact négatif sur la végétation.

La majorité de l'ozone troposphérique se forme lorsque de l'oxyde d'azote (NOx), du monoxyde de carbone (CO) et des composés organiques volatiles (VOC) tel le xylène réagissent dans l'atmosphère sous l'action de la lumière solaire.
Smog à Mexico en mars 2016. Niveau d'ozone deux fois supérieur à la limite dite sécuritaire.

Les échappements des véhicules automobiles, les émissions industrielles et les solvants chimiques sont les principales sources d'ozone. La combustion du bois dégage aussi de l'ozone. Il faut aussi ajouter que les imprimantes et photocopieurs laser dégagent souvent de l'ozone, prudence et pensez à aérer... Article source en Anglais. 

     De la chaux pour tamponner le pH des eaux ?

Selon Wikipédia : une variante ou un complément consisterait à injecter une énorme quantité de chaux dans les eaux douces et marines, tapisser le sol des océans de calcaire pour éviter une trop grande variation du pH de l'eau vers l'acidification, synonyme de destruction des coraux et de l'écosystème marin. Les océans éviteraient ainsi l'acidification et seraient à même de continuer à capturer le CO2. Un inconvénient serait la destruction des espèces qui ont besoin d'un pH acide pour vivre.
Les océans représentent 70% de la superficie du globe ; j'ai l'impression que ça prendrait vraiment beaucoup de chaux et de roches calcaires... et d'argent bien sûr.

On parle dans cet article en Anglais de répandre un certain type de roche (de l'olivine) le long des côtes pour désacidifier les océans mais... il y a beaucoup d'océans et l'article commence avec une fausse information ; les océans sont plus acides de 30% par rapport à 1950 et non pas de 25% par rapport à l'ère préindustrielle comme ils le prétendent. Aussi, je n'ai pas trouvé de littérature véritablement scientifique à ce sujet. Même retirer du CO2 de notre atmosphère ne rendrait pas les océans moins acides, mais cela préviendrait plus d'acidification.

Il y a aussi une limite à l'acidification des océans, trop de CO2 ne rendra jamais les océans aussi acides que du jus de citron, heureusement. Mais la vie marine supporte déjà mal le taux d'acidification actuel.

     Fausses informations

Au départ, je voulais vous traduire cet article provenant de "Eco Watch" ; site que je croyais sérieux. Mais j'ai vite réalisé que leur article était utopiste et très mal informé. En fait, ça ressemble à s'y méprendre à du "green washing" (écoblanchiment). Cependant, il est important de rappeler que les sols et les océans ont été exclus des discussions lors de la COP21 (et des 20 COP précédentes).

Premier point, l'article blâme les écoulements agricoles pour l'acidification des océans, mais l'acidification des océans est bel et bien causée par nos émissions de CO2 qui transforme peu à peu l'eau en acide carbonique. Les eaux de ruissellement agricole sont en partie responsables de la formation de zones mortes (c'est-à-dire sans oxygène dissout) car cela cause des éclosions massives d'algues qui en mourant, tombent au fond où des bactérie les décomposent en utilisant tout l'oxygène environnant. La cause principale de ces "zones mortes" est cependant due au réchauffement des océans : l'eau chaude contient moins d'oxygène.

Carte qui montre l'emplacement des zones mortes et mourantes. Si presque toutes ces zones sont près des côtes, c'est que les eaux plus chaudes se retrouvent généralement le long des côtes et le ruissellement agricole y favorise la croissance et la multiplication de ces zones.
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Ensuite, ils prétendent que :
"l'agriculture régénérative" qui décrit des techniques agricoles et de pâturages qui, entre autres bénéfices, inversent les changements climatiques en restaurant les sols et leur biodiversité — résultant en une réduction du CO2 atmosphérique tout en améliorant le cycle de l'eau...

Je n'ai rien contre une refonte de nos techniques agricoles, bien au contraire et c'est même très urgent. Mais que cela puisse inverser les changements climatiques, c'est du rêve. Dans le meilleur des cas et en supposant que ces techniques soient implantées massivement, cela ne pourrait avoir qu'un impact bénéfique relativement mineur sur le réchauffement climatique ; il y a beaucoup trop de CO2 et autres gaz à effet de serre à retirer de notre atmosphère et nous ne savons pas encore comment.

Ils poursuivent :
La bonne nouvelle est que nous pouvons aider à guérir nos océans acides, atténuer la météo erratique et produire une nourriture abondante en se concentrant sur la séquestration (du CO2) dans les sols (ce qui par surcroît améliore non seulement la qualité des sols mais aussi la capacité de rétention de l'eau) sur les terres agricoles et forestières.

Pour ce qui est d'être bénéfique pour les sols, la permaculture semble l'approche la plus prometteuse, mais je ne sais même pas à quoi ils font référence dans cet article, on dirait de la pub vide de sens...

     Une surprise

On tombe sur toutes sortes de recherches en faisant ce que je fais. Bon, nous savons que le phytoplancton est une plante microscopique et unicellulaire mais surprise : on a observé un comportement pour éviter un prédateur de la part d'un phytoplancton.

Je vous laisse le lien de l'article en Anglais, c'est un phénomène des plus inattendus et fascinants : Marine plants can flee to avoid predators: First observation of predator avoidance behavior by phytoplankton.


Il y aura encore suffisamment d'oxygène pour de nombreuses années bien que plusieurs autres dangers nous guettent d'ici là, mais chacun des choix se consommation que nous faisons a un impact sur d'autres humains et sur la capacité de la terre a supporter la Vie ; la balle est dans votre camp.